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Danemark Le pays qui rêve du tout bio

Le Danemark entend utiliser les nouvelles restrictions d’intrants pour imposer l’agriculture bio comme référence.

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Dans ce pays aux 443 îles grand comme la Bretagne, où plus de 28 millions de porcs sont élevés, chaque ferme est à moins de 50 km de la mer. L’eau est au cœur de tous les débats politiques et sociaux. L’utilisation de fertilisants chimiques et d’effluents d’élevage, ainsi que les produits phytosanitaires font l’objet de débats depuis quarante ans et de restrictions exponentielles. La fermeté des décisions évolue suivant les différents gouvernements, avec parfois des retournements spectaculaires, comme celui sur la quantité d’azote permise par hectare qui a été réaugmentée de 15 % en 2016. L’impact sur le taux de protéines des céréales a été jugé excessif.

Un gouvernement déterminé

Le gouvernement social-démocrate nouvellement élu a décidé de frapper fort. De nouvelles interdictions vont être faites aux agriculteurs. Ils ne pourront plus traiter à moins de 100 mètres des nappes phréatiques et en bordure des villes. Le système de compensation sera étendu. L’agence de l’eau locale les indemnisera à hauteur de 20 % de la perte estimée de production. Une demande expresse leur sera faite de libérer ces terres à l’agriculture bio ou d’en faire eux-mêmes. L’objectif affiché est de monter le plus rapidement possible à 30 % de la surface totale en bio, pour 15 % aujourd’hui, et de poursuivre. Le politique répond ainsi à la demande de la majorité de ces citoyens.

Entre 2005 et 2017, la consommation de produits bio a augmenté de 396 % en valeur, pour atteindre 1 450 millions d’euros, soit près de 10 % de la valeur totale des produits agricoles. Les jeunes Danois sont obsédés par le bio, alors que seule la population aisée peut y accéder. Pour les habitants des villes, le modèle agricole est celui qui fait le succès d’une émission vedette de téléréalité, avec une exploitation qui utilise encore la binette et les chevaux. Une récente tendance encore minoritaire va jusqu’à prôner de ne produire que ce qui est consommé dans le pays, alors que les deux tiers de la production nationale et 90 % de la production porcine sont destinés à l’export.

Mais attention, l’équilibre entre l’offre et la demande intérieure est fragile. Seule l’exportation évitera des chutes de prix. Sur le marché du lait bio, les coopératives refusent les nouveaux producteurs et, dans le marché de l’œuf, il y a une surproduction. Pour la première fois, le prix du blé bio a chuté à la suite de la bonne moisson 2019. Il ne reste que 34 781 exploitations au Danemark dont un tiers à temps plein. Qu’en sera-t-il si le phénomène bio s’amplifie ?

Christophe Dequidt

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